Durant ma jeunesse à Ivry sur Seine, un bastion ouvrier de la banlieue Sud Est de Paris au fort caractère industriel, il m’arrivait les dimanches d’aller traîner à la gare d’ivry et n’ayant pas grand chose à me mettre sous la dent, je poursuivais alors mon chemin vers la tranchée de Charenton en longeant cette fameuse ligne qui reliait la gare au port d’Ivry. Elle avait quelque chose de mystérieux: je n’y voyais pratiquement jamais quelque chose y circuler et pourtant les rails étaient luisants. Il devait donc y avoir suffisamment de trafic. Et je me demandais bien ce qu’il pouvait y avoir derrière les portes en acier de ces bâtiments silencieux oú disparaissait la voie …. J’ai le vague souvenir d’y avoir rencontré un wagon plat K50 ou L56 perdu le long de l’usine Saint Raphaël, mais jamais plus… Raison pour laquelle je pense que les photos de cet endroit sont relativement rares et l’endroit aujourd’hui est profondément remodelé. Sur google maps, j’ai tout de même réussi à déceler la voie sur les premières dizaines de mètres de la ligne au sortir de la gare, seule “vestige” encore décelable de ce riche passé. Trop jeune pour pouvoir me payer un appareil photo qui m’aurait permis d’aller à la chasse et d’immortaliser ce “Big Five” (*) urbain, je conserve cependant un souvenir inoubliable de cette zone bucolique, de ces chaudes après-midi estivales oú l’air sentait bon le vin doux (puisque toute la zone du port d’Ivry jusqu’à Charenton était marquée par des usines d’apéritif et les vacances approchantes y ont certainement contribué aussi .
(*) c’est le nom donné en Afrique du Sud aux cinq bêtes sauvages que tout chasseur d’images rêve de voir, mais n’est pas sûr du tout de voir …
Le caractère vineux fortement marqué de la zone (sans oublier la Kro qui coulait à flots dans les cafés le long du trajet) et l’aspect bucolique de l’endroit, combinés au nom officiel porté par ce quartier d’Ivry ( Ivry-Port ) et le nom d’un futur projet était né: Ivre-Mort
La ligne est intéressante à plusieurs égards: y circulaient des tombereaux à ferraille, des plats(K50 et L56), des citernes pétrolières à essieux et bogies (TOTAL), des citernes à vin vers les Vins du Postillon et l’usine Saint Raphël, des couverts désservant les entrepôts du BHV et des charbonniers désservant la centrale électrique. Je n’ai d’ailleurs jamais trouvé une quelconque trace photographique de ces derniers à Ivry ….
Elle a dû être un régal pour les amateurs de street running et n’avait rien à envier aux embranchements Américains aux voies qui s’entremêlent. Et puis elle était pittoresque par la poignée de mercenaires qui jetaient sans vergogne les voitures des automobilistes peu scrupuleux ou peu attentifs au bon milieu de la rue, au risque de bloquer tout le trafic ! Voilà au passage une bonne idée de reproduction par MK35 ….
Quand au matériel: BB63000 (BB63083 et BB63093 entre autres) et peut être même des locotracteurs Y7100 / 7400 (diverses productions dont AMJL), wagons plats K50 et L56 (Jarry et Semblat), Tomberaux Tow (Jarry, Rivarossi/Lima et sous peu Schnellenkamp), citernes à pétrole TOTAL et neutres (AMJL), citernes à vin Saint Raphaël (voire Martini ?) et neutres (qui ?), couverts pour l’entrepôt du BHV (mais lesquels ?). Pour une période plus ancienne: 040DE, 040TX (Ex. Allemande), wagons foudre, ……… Bref, de quoi s’occuper.
Sans photos, le souvenir allait irrémédiablement disparaître. Puis vint le jour oú je découvris ce fameux reportage datant de 2016 dans Ferrovissime et la légende ressurgit.
La partie la plus intéressante du parcours se trouve près du port, entre la rue des Péniches et le Quai Deshaies. Il doit être possible de réaliser cette partie dans un coin de pièce, sur un réseau en “L” avec des possibilités de manoeuvre intéressantes.
A suivre (mais pas tout de suite) …….
