J’ai un certain faible pour le réseau du Blanc Argent dont j’ai construit plusieurs des matériels qui y ont roulé. Trait caractéristiques de ce réseau, sa voie construite en rail à double champignon et établi sur "ballast" en sable. (J’utilise à dessein l’imparfait, puisque, à l’occasion des réfections de voie, le rail à double champignon est progressivement remplacé par du profilé Vignole de récupération. Mais toujours sur sable…).
Or la voie est souvent le parent pauvre du modélisme, ce qui est encore plus vrai pour la voie métrique que pour la voie normale. Lorsqu’il y a près de 40 ans maintenant j’avais commencé le Om en construisant une 030 Blanc-Misseron, j’avais souhaité construire une petit morceau de voie de présentation, bien sûr à double champignon, pour la poser dessus. Je n’avais trouvé dans le commerce que les voies (rail et selles) produites par C&L en 4 et en 7 mm et avais effectué des tests. La voie en 4mm avec un profilé en code 75 était vraiment trop fine et je m’étais finalement rabattu pour la voie en 7mm avec un rail en code 131, bien que celui-ci soit beaucoup trop haut pour représenter une voie métrique.
Au cours d’une conversation avec Ian Rice il y a une bonne vingtaine d’années maintenant, celui-ci m’avait indiqué que Peco avait commercialisé dans le passé un profilé à double champignon en code 100. Abandonné par les adeptes britanniques de la voie fine scale en OO, ceux-ci s’étant exclusivement tourné vers l’utilisation de code 75, il m’en avait généreusement donné quelques pieds qui trainaient dans ses réserves. Belle aubaine, le profilé en code 100 d’une hauteur de 2,54 mm coïncidait, à quelques dixièmes près en moins, au profilé du BA réduit en O. Ce profilé en code 100 correspondait donc parfaitement bien à un rail légèrement usé, plutôt courant sur le BA…
J’avais aussitôt fait un maître modèle en laiton reproduisant exactement le type utilisé sur le BA d’après les mesures prises sur site qui, après duplication en fonderie en métal blanc, m’avait permis de faire un petit morceau de voie témoin. Les traverses étaient en bois et les selles étaient fixées comme en réalité sur les traverses par des tirefonds du Cercle du Zéro.
Cependant compte tenu du temps passé à tirer les selles une par une et du fait que je n’avais qu’une longueur limitée de profilé, j’avais laissé tomber le projet. Jusqu’à ce que je découvre récemment que Slater’s commercialise toujours ce rail.
Les nouvelles techniques apparues depuis quelques années (ou du moins démocratisées à des coûts acceptables) comme l’impression 3D allaient me permettre d’ouvrir de nouvelles possibilités. Plutôt que d’utiliser des selles à coller/clouer sur des traverses en bois, pourquoi ne pas tirer directement sous forme monobloc les traverses avec les selles intégrées. La possibilité apportée par Solidworks à partir de la version 2019, par l’intégration d’une fonction de texture 3D permettant de transformer en volumique une texture initialement sous forme d’une image en échelle de gris allait permettre de réaliser des traverses réalistes. L’idée est de partir d’une photo de bois réel (avec les nervures, les nœuds et défaut éventuels, etc…) et de la traduire sous forme volumique. Même si, en pratique, c’est nettement moins simple à réaliser…
La longueur des profilés des rails vendus par Slatters étant relativement faible (450mm), j’ai préféré les réunir sous forme de barres longues pour limiter les chutes. Je n’ai pas utilisé de procédé alumino-thermique pour ce faire (qui de toute façon n’aurait pas fonctionné pour des rails en maillechort…), mais j’ai préféré plus simplement former les extrémités en biseau qui ont été ensuite soudés à l’étain. Si on veut que les liaisons soit invisibles, il est indispensable que les angles des biseaux soient strictement identiques sur tous les coupons de rail. C’est pourquoi l’usinage a été réalisé à la fraiseuse en utilisant un montage adapté et la soudure a été réalisée sur gabarit. Je suis très satisfait du résultat et les liaisons sont quasiment invisibles.
Les éclisses (non fonctionnelles) ont été dessinées, puis imprimées également sur l'Elegoo. Conformément à la réalité, les deux éclisses intérieure et extérieur sont différentes l'une portant une tête de boulon et l'autre l'écrou de serrage. Avec une épaisseur de 2/10, on arrive là à la limite de l'imprimante... Elles sont collées à la cyano sur les cotés des rails.
Et enfin mon BA 14 peut poser ses roues sur une voie à l'échelle.